Création de Brigitte Rosset, Christian Scheidt, Olivier Gabus – mise en scène Robert Sandoz – Julia Portier
Crédit photos: STEMUTZ
Un spectacle (trop) sérieux, traité sous l’angle comique et joyeux
Brigitte et Christian pourraient se contenter de vous faire rire. Elle et lui pourraient se contenter d’être exceptionnel·les. Se contenter de jouer avec dextérité l’œuvre de Molière. Mais, voilà, elle et lui aiment l’intelligence et le concon, l’impertinence et le respect du texte, la joie de relever des défis et le plaisir d’aller droit au but. Elle et lui aiment raconter en usant et abusant de tous les codes théâtraux ainsi qu’improviser. Bref, elle et lui sont des équilibristes entre tout et rien, entre le vrai et son contraire, entre homme et femme, entre nous et eux.
Pour cela, elle et lui ont pris la comédie la plus ambiguë de Monsieur Poquelin pour en interpréter à deux les treize personnages. Ils insèrent dans ce texte, déjà assez frappadingue, des apartés improvisés qui en plus d’être drôles rapprochent ces femmes savantes et leur microcosme d’hommes à la dérive de notre réalité contemporaine.
Mais que raconte la pièce? Une mère, une tante et une fille extrémistes de sciences, de lettres et de savoir. Un père lâche. Un frère moralisateur. Une bonne au bon sens rural. Des poètes qui pètent bien plus haut que leurs œuvres. Et au cœur de ce cirque, un couple qui préserve son amour. Qui la sensée Henriette va-t-elle épouser? Son Dulciné, renouera-t-il avec son premier béguin, la grande sœur d’Henriette ou lui restera-t-il fidèle?
Surtout, qu’en est-il de la guéguerre homme-femme? Qu’est-ce qu’en critiquait Molière? Qu’en savent Brigitte et Christian avec leur érudition en équilibre entre géniale et ridicule?
Une piste peut-être: que sous la question de genre, il y a des questions dominant vs dominé, décideurs vs suiveurs, savoir vs bon sens, intégrité vs complaisance, passion vs aveuglement, d’amour vs rien. Et que ces questions se posent à elle et lui.
Une piste de sûr que rire de tout ça rend bien plus intelligent que Vaugelas. Qu’on soit elle et/ou lui.
PRESSE
Un peu (trop) de Molière
Cette pièce écrite et jouée pour la première fois en 1672 est la dernière publiée du vivant de Molière. Il y critique copieusement les Précieux et les Précieuses, mais aussi les philosophes (Descartes) et les grammairiens (Vaugelas) et condamne les prétentions scientifiques des femmes, nuisibles selon lui, à la fois à leur équilibre et au bonheur de leur entourage.
Pourtant dans « L’école des femmes » jouée en 1662, Molière montre le ridicule et le danger qu’il y a à laisser dans l’ignorance une jeune fille comme Agnès. Il y prêche une idée de liberté et une émancipation de la femme.
Pourquoi condamner ce qu’il aurait approuvé dix ans plus tôt ? En fait, l’envie d’écrire « les femmes savantes » semble être venue à la suite des violentes critiques adressées à « l’école des femmes », qui provenaient principalement des sociétés mondaines et c’est précisément dans ces sociétés que se trouvaient les femmes le plus portées vers l’étude.
Il les décrit comme vaniteuses et prudes. Cependant, il nous semble qu’il ne condamne pas le désir de s’instruire, mais plutôt celui de vouloir tout savoir, dans le seul but d’en tirer une certaine gloire. Pour lui, le savoir est intolérable quand on ne veut l’acquérir que par vanité.
Et la dispersion intellectuelle issue de cette attitude ne peut aboutir qu’à l’incohérence et à l’éparpillement de l’esprit.
La comédie des femmes savantes nous apparaît donc comme autre chose qu’une simple attaque contre la préciosité et son apparente misogynie. Et toutes ces ambiguïtés, nous donneront allégrement matière à dialoguer avec notre propre actualité. Actualité qui n’a de loin pas encore résolu toutes ces questions.
C’est précisément ces questionnements, prétextes à de nombreuses situations et quiproquos qui nous intéressent dans ce projet et non le besoin d’y donner des réponses définitives, ce qui nous ferait immanquablement passer du côté des « Trissotin » si finement peints par Molière.
Dates de tournées (trop) chouettes
11.03.23 | Théâtre de l’Arbanel | Fribourg |20h| Tél: 026 350 11 10
16/17/18.03.23 | Nuithonie | Fribourg |20h| BILLETTERIE
25.03.23 | Théâtre de Colombier | Colombier | 20h | BILLETTERIE
29.03.23 | Théâtre de Beausobre| Morges|20h| BILLETTERIE
30.03.23 | Le Vélodrome |Plan les Ouates|20h| BILLETTERIE
31.03.23 | Théâtre du Casino | Rolle |20h| BILLETTERIE
1 et 2 avril 23 | Théâtre du Casino | Rolle |20h| BILLETTERIE
4.04.23 | Théâtre Beno Besson |Yverdon|20h| BILLETTERIE
22.04.23 | Salle Communale |Genthod | 20h30 | BILLETTERIE
27 et 28.04.23 | Théâtre de l’Inter | Porrentruy | 20h | BILLETTERIE
13.05.23 | Salle du Bois des Arts | Thônex | 20h | BILLETTERIE
5/6.12.23 | Théâtre du Passage |Neuchâtel | 20h | BILLETTERIE
7.12.23 | Théâtre de l’Alambic |Martigny| 20h | BILLETTERIE
8.12.23 | Le Point Favre |Chêne-Bourg| 20h | BILLETTERIE
du 12 au 24 décembre 2023 | TMR |Montreux| 20h | BILLETTERIE
Qui et (trop) qui ?
Christian Scheidt
ComédienDiplômé du conservatoire de Genève (ESAD) en 1992. Membre de la Cie du Revoir (de 1993 à 1999) dirigée par Anne Bisang. Il fait partie de la Cie Un Air de Rien avec Sandra Gaudin et Hélène Cattin depuis 2OO1. Il a aussi travaillé avec notamment : Andrea Novicov, Gérald Chevrolet, Dominique Catton, Raoul Pastor, Guy Jutard, Françoise […]
Brigitte Rosset
ComédienneElle travaille depuis bientôt 30 ans sur les scènes de Suisse romande dans des productions théâtrales ou dans ses propres solos. Brigitte Rosset a reçu en 2O15 le prix « Actrice exceptionnelle », dans le cadre des Prix Suisses du théâtre, récompense attribuée par l’Office fédéral de la culture.
Julia Portier
Co-mise en scèneC’est en 2017, après une première vie dans la communication, des années de théâtre amateur et une participation à l événement de La Locandiera quasi comme (Brigitte Rosset et Christian Scheidt), que Julia Portier opère un virage professionnel. Elle entame sa formation chez Serge Martin, dont elle sort diplômée en juin 2020. Durant cette période, […]
Robert Sandoz
Metteur en scèneSon parcours l’a mené à présenter son travail dans la plupart des institutions de Suisse romande. Il s’est mis au service d’auteurs contemporains français tels que Jean-Luc Lagarce, Daniel Pennac, Marguerite Duras, Olivier Py, et suisses comme Antoine Jaccoud, Odile Cornuz, Antoinette Rychner. À deux reprises, il s’est essayé à l’écriture dramatique et a porté sur scènes ses propres […]
Olivier Gabus
Musique et comédienOlivier Gabus, diplômé à L’Ecole Dimitri en 1999, se spécialise très vite dans la composition et réalisation sonore pour le théâtre. Il fonde la Compagnie Sous-sol avec Susi Wirth en 2000 et produisent leur spectacles dans toute la Suisse. Ils reçoivent 2 récompenses dont le 1er Prix du concours européens «Ronner Surprise» (Bolzano, Italie). L’essentiel […]